Malgré la « belle moisson », les trésoreries restent sous pression
La moisson 2025 s’annonce comme un millésime globalement satisfaisant pour les céréales, mais les prix ne suivent pas et risquent de peser sur des trésoreries déjà fragilisées.
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Quelles que soient les régions, la surprise est plutôt bonne : « On va vers une récolte meilleure que ce qu’on pouvait estimer il y a quelques semaines ou quelques mois », a relevé lors d’un point presse Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé sur les grandes cultures de FranceAgriMer.
Les échos des agriculteurs et des présidents de coopératives sont largement positifs : « Tout le monde a plutôt le sourire, par rapport à l’an dernier on peut même parler d’une belle moisson. » Malgré « quelques accidents », les rendements sont « plutôt très corrects » et la qualité « plutôt très belle » sur les aspects protéine et poids spécifique.
Historiquement précoce, la moisson est « bien avancée au Sud de Paris, à 50 % quand on remonte sur le Grand Est et les Hauts-de-France. Et, la canicule s’étant concentrée en juin, il n’y a selon lui « aucun péril en la demeure » pour les jours de récolte restants.
Agreste confirme l’embellie. D’après son bulletin de juillet, le service de statistiques du ministère de l’agriculture estime à 32,6 Mt la production française de blé tendre en 2025, soit une hausse de 27 % par rapport à la récolte désastreuse de 2024.
Une augmentation surtout liée à celle du rendement par rapport au point bas de la récolte 2024 : il s'établirait en moyenne à 72,6 q/ha, contre 60,9 q/ha l’année dernière.
Concernant l'ensemble des céréales à paille, Agreste attend une « forte progression » (+ 25 % sur un an) de la production, grâce à de bonnes conditions météorologiques et sanitaires pour les cultures cette année.
Ces moyennes cachent « une vraie hétérogénéité », non pas géographique mais liée à la date des semis, au sein « d’un même département, d’un même village, voire d’une même exploitation », reprend Benoît Piètrement : les semis d’hiver précoces ont mieux résisté au « coup de chaud » du début d’été que les plus tardifs.
« Des prix aux agriculteurs qui ne seront pas à la hauteur »
La quantité et la qualité sont au rendez-vous, mais « cette belle année va cacher de vraies difficultés derrière, on en est convaincus », souligne-t-il.
Entre la très mauvaise récolte 2024, des prix « pas forcément folichons » et des charges en hausse ces dernières années, « on sort d’une année terrible pour certains ». Les trésoreries restent fragiles… et « les prix ne sont pas là ».
Les prix d’acompte versés aux producteurs sont « très faibles », note le président de coopérative, et même si « on rebattra les cartes en septembre en fonction des marchés auquels on pourra accéder », « ça va faire des prix aux agriculteurs qui ne seront pas à la hauteur », notamment pour réinvestir et préparer la campagne 2026.
« À l’automne, il y aura la vente des céréales produites cet été, mais ça compensera peu le fait que les prix soient bas. (…) Selon les stratégies des exploitations, on va sans doute avoir un hiver très difficile. (…) Pour certains, il y a un vrai risque de pérennité des exploitations dans les années à venir », s’inquiète-t-il.
Une inquiétude d’autant plus grande que peu d’indicateurs plaident pour une hausse de prix dans les jours et semaines qui viennent.
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